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Ghylaine Paquin-Back, l'épouse de Frédéric Back, travaille à l'assemblage de tissages découpés et brodés pour la réalisation de la tapisserie destinée au chœur de l'église de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. On est en 1969 et sa mère, Marguerite, l'a aidée dans sa tâche.



Églises

De 1962 à 1965, Vatican II, deuxième concile œcuménique s'étant déroulé au Vatican, provoque de profonds bouleversements dans le monde catholique. Dans cette période de renouveau liturgique, l'Église cherche à s'inscrire dans la modernité, à mieux intégrer ses fidèles dans les célébrations. Dès lors, la messe se dit en langue locale plutôt qu'en latin et les lieux de culte nord-américains se transforment pour être plus accueillants et mieux adaptés aux nouvelles orientations. Dans ce contexte, Frédéric Back contribuera au réaménagement intérieur d'une dizaine d'églises dans les provinces canadiennes du Québec, de l'Ontario, de la Nouvelle-Écosse, de même qu'aux États-Unis.

Aspect méconnu de son œuvre artistique, ce travail sera réalisé avec celui qui deviendra son très cher ami André Robitaille, principalement entre 1965 et 1970. Dans cette période, il est aussi occupé par la télésérie D'Iberville, les films d'animation pour des émissions éducatives à la CBC, de même que par la réalisation du film Abracadabra. Dans le domaine de l'architecture intérieure, les travaux les plus importants qu'il réalise dans ces années-là sont la métamorphose du restaurant Hélène de Champlain en Pavillon d'honneur d'Expo 67 et l'immense verrière pour le métro de Montréal.

La petite histoire

Dans les années 60, la mère de Frédéric Back travaille auprès des enfants malades à l'hôpital Sainte-Justine de Montréal. En marge de son travail, elle reste pour leur raconter des histoires et leur donne des dessins réalisés par son fils. Curieuse d'en savoir plus sur l'auteur de ces illustrations, la responsable des bénévoles, Fernande Robitaille, demande à visiter son atelier, accompagnée de son mari, André. Copropriétaire de la maison Desmarais-Robitaille, un magasin d'articles religieux, celui-ci est séduit par le travail d'architecture intérieure que Frédéric Back a déjà effectué pour quelques restaurants, ainsi que par les maquettes qu'il a commencé à créer pour la série D'Iberville. Il lui propose une collaboration pour les contrats qu'il conclut avec différentes paroisses : grâce aux dessins en perspective esquissés par Frédéric Back, les curés pourront saisir d'un coup d'œil les réaménagements des lieux proposés et réagir instantanément aux propositions. Mais sa contribution sera finalement bien plus importante...

Opération transformation

En ces temps de transformations majeures des églises, on en profite pour restaurer les bâtiments du pinacle au sous-sol. Après la toiture, la plomberie, l'électricité, le chauffage, etc., il reste peu d'argent pour les réaménagements intérieurs et la décoration. Frédéric Back doit trouver des solutions économiques : compositions réalisées à partir de tissages de laine faits main ou d'assemblages de tapis de couleur qui permettent de créer des tapisseries chaleureuses à un coût raisonnable.

L'objectif principal des réaménagements est que la messe se dise face aux fidèles. Souvent, l'intervention consiste à simplifier l'aspect visuel général des églises en respectant l'esprit des lieux. À l'occasion, il conçoit la décoration intégrale, comme pour l'église de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. L'arrivée du forgeron d'art Jo Bergot dans l'équipe de la maison Desmarais-Robitaille lui ouvre de nouvelles possibilités. S'appuyant sur son grand talent pour le travail du cuivre ou du fer, Frédéric Back peut donner libre cours à son imagination pour la création de lustres, de tabernacles et de chandeliers en accord avec l'ensemble du décor. Par exemple, les magnifiques panneaux de cuivre que l'on peut admirer à l'oratoire Saint-Joseph de Montréal sont le résultat de leur fructueuse collaboration.